1 mai 2020 - Les coopératives d'habitants, c'est quoi ?
L'histoire des coopératives d'habitants en France
En France, les premières coopératives d’habitants ont vu le jour au début des années 2000, en s’inspirant de pays comme la Suisse, l’Allemagne ou le Québec.
Le premier objectif était de laisser de la place à l’initiative citoyenne qui allait être vectrice de changement.
Le deuxième objectif était de permettre une démarche écologique au niveau de l’habitat, encore embryonnaire en France.
Enfin, le troisième objectif était de créer un outil de politique publique non spéculatif pour l’habitat, comme une hybridation entre l’initiative privée et l’intérêt collectif et public.
Les coopératives d’habitants ont été reconnues légalement par la loi Alur en 2014 où elles sont définies comme suit :
Article L 201-2 du CCH
« Société qui fournit à ses associé.e.s la jouissance d’un logement et d’espaces communs à titre de résidence principale »
Aujourd’hui, le mouvement est porté par Habicoop, fédération française des coopératives d’habitants, dont la mission est de développer de manière significative les coopératives d’habitants au niveau national, par des actions de plaidoyer, de la sensibilisation, la création de partenariats et alliances, etc.
A Lyon, sa structure locale est Habicoop AURA (Auvergne Rhône-Alpes).
Les coopératives d'habitants, c'est pour qui ?
Actifs, retraités, célibataires, couples, familles, personnes handicapées, vivant en ville ou à la campagne, précaires ou aisés... Elles s’adressent à tout le monde !
Le projet Chabada que vous allez découvrir ici est celui d’une coopérative d’habitants senior en milieu urbain mais il existe toutes sortes de coopératives en fonction des envies de celles et ceux qui la mettent en place.
Elles peuvent être rurales, péri-urbaines, urbaines, réservées aux seniors ou intergénérationnelles, interculturelles, à vocation sociale, etc. Tout est envisageable. Et elles visent systématiquement une réduction de l’impact de la construction et de l’exploitation du bâtiment sur l’environnement.
Quelques exemples de projets urbains finalisés
Abricoop (Toulouse)
Crédit photo : Stéphane Brugidou
Coopérative intergénérationnelle - 17 logements - habitée depuis 2018
Chamarel "Les Barges" (Vaulx-en-Velin)
Coopérative pour seniors - 16 logements - habitée depuis 2017
Le Village Vertical (Villeurbanne)
Crédit photo : ADMINIMA
Coopérative intergénérationnelle - 14 logements - habitée depuis 2013
A la naissance du projet...
Un collectif d’individus avec des valeurs communes décide de monter une coopérative d’habitants.
Pour devenir associés, les habitants vont chacun placer une somme d’argent dans la société coopérative.
Ce sont des parts sociales. Elles représentent entre 10 et 20% de la valeur initiale de l’immeuble.
Cette somme d’argent va constituer un apport mais ne suffira généralement pas à construire l’immeuble.
La coopérative d’habitants va donc solliciter un ou plusieurs crédits auprès de banques pour financer son projet.
Ainsi, le groupe pourra s’entourer de professionnels pour l’aider à monter son projet, acheter le terrain et effectuer les travaux.
Une fois installés, les résidents deviennent...
À quoi servent ces redevances ?
L’ensemble des redevances permet de couvrir les coûts de fonctionnement de l’immeuble à prix coûtant.
Il s’agira alors de trouver l’équilibre parfait entre redevances et charges !
Un modèle porté par des valeurs piliers
La propriété collective
Si, pour une raison ou pour une autre, un résident décide de s’en aller, il récupère ses parts sociales à leur valeur initiale avec une majoration éventuelle pour tenir compte de l’augmentation du coût de la vie.
Il peut aussi récupérer son épargne partiellement ou entièrement quand la coopérative sera en capacité de lui rembourser.
De cette façon, l’appartement reste propriété de la coopérative.
Le prochain résident qui prendra sa place rachètera à son arrivée les parts sociales pour intégrer la coopérative.
Il deviendra à son tour habitant et paiera une redevance mensuelle comme le reste du groupe.
La non-spéculation
L’avantage de ce modèle, c’est qu’il n’y a pas de spéculation immobilière, les parts sociales sont décorrélées de la valeur de l’immeuble. La coopérative sera toujours propriétaire de l’immeuble et de ses logements, indépendamment des résidents qui en font partie.
La démocratie
Au moment de la création de la coopérative d’habitants, comme pendant son fonctionnement, les résidents auront des décisions à prendre ensemble.
Encore faut-il parvenir à se mettre d'accord...
Le groupe peut en premier lieu chercher le consensus ou le consentement. Et si ça n’aboutit pas, la coopérative a toujours la possibilité de passer au vote.
Chaque coopérateur dispose d’une voix, quel que soit le nombre de parts sociales qu’il possède.
La vie dans la coopérative
Une fois que tout le monde est bien installé, que le fonctionnement de la coopérative est établi, il ne reste plus qu’à profiter de cet habitat sur mesure !
Voilà pour la théorie, mais dans la pratique comment ça se passe ?
Allons faire une immersion dans une vraie coopérative, avec des vrais humains, de sa création jusqu’à l’installation des résidents dans leur nouvel habitat !